Thèse de doctorat
Résumé : EXECUTIVE SUMMARY

This thesis aims to give a contribution to the academic debate on three specific issues related to institutions and heterogeneity in the labour market. In the first part it analyses the effect of employment protection legislation on worker flows, i.e. the rate of worker reallocation, in OECD countries. The second part revisits the debate on minimum wages in Europe bringing new evidence on systems without a statutory minimum wage and comparing them with countries with a statutory one. The third part delves in a relatively newer debate, about the pros and cons of workforce diversity for firms, bringing some evidence on the effect of diversity on firm productivity and wages in Belgium and France.

Chapter 1 exploits a unique dataset including cross-country comparable hiring and separation rates by type of transition for 24 OECD countries, 23 business-sector industries and 13 years to study the effect of dismissal regulations on different types of gross worker flows, defined as one-year transitions. Chapter 1 uses both a difference-in-difference approach – in which the impact of regulations is identified by exploiting likely cross-industry differences in their impact – and standard time-series analysis – in which the effect of regulations is identified through regulatory changes over time. Findings suggest that the more restrictive the regulation, the smaller is the rate of within-industry job-to-job transitions, in particular towards permanent jobs. By contrast, it finds no significant effect as regards separations involving an industry change or leading to non-employment. The extent of reinstatement in the case of unfair dismissal appears to be the most important regulatory determinant of gross worker flows. The chapter also present a large battery of robustness checks that suggest that our findings are robust.

The second part brings new evidence to the debate on minimum wages in Europe by collecting data on systems without a statutory minimum wage and comparing them with countries with a statutory one. Since the mid-2000s, academics, trade unionists and policymakers have been involved in controversial debates about the need for a harmonised European minimum wage policy.

Chapter 2 provides a description of minimum wage systems in Europe.

Chapter 3 explores the link between different institutional features of minimum wage systems and the minimum wage bite. It notably addresses the striking absence of studies on sectoral-level minima and exploit unique data covering 17 European countries and information from more than 1,100 collective bargaining agreements. Results provide evidence for a neglected trade-off: systems with bargained sectoral-level minima are associated with higher Kaitz indices than systems with statutory floors, but also with more individuals actually paid below prevailing minima. Higher collective bargaining coverage can to some extent reduce this trade-off between high wage floors and non-compliance or non-coverage.

Chapter 4 builds on the previous ones and explores how the diversity of minimum wage systems affects earnings inequalities within European countries. Empirical results confirm the intuition of many practitioners that the combination of sectoral minima and high collective bargaining coverage can be regarded as a functional equivalent of a binding statutory minimum wage, at least for earnings inequalities. Regression results suggest indeed that both a national statutory minimum and, in countries with sectoral minima, higher collective bargaining coverage is significantly associated with lower levels of (overall and inter-industry) wage inequalities and a smaller fraction of workers paid below prevailing minima. Several robustness checks confirm these findings.

The third part of the thesis does not study a labour market institution as such but the effect of workers diversity, a feature that might prompt some kind of regulations in the future but it is already strongly affecting firms which need to balance their public image and corporate social responsibility practices with internal organisation and profit maximisation.

Chapter 5 estimates the impact of workforce diversity on productivity, wages, and productivity–wage gaps (i.e., profits) using detailed Belgian linked employer–employee panel data and different econometric tools to solve for endogeneity and heterogeneity issues. Findings show that educational diversity is beneficial for firm productivity and wages while age diversity is harmful. While gender diversity is found to generate significant gains in high-tech/knowledge-intensive sectors, the opposite result is obtained in more traditional industries. Estimates neither vary substantially with firm size nor point to sizeable productivity–wage gaps except for age diversity.

Chapter 6 extends the analysis of workforce diversity to the French case using data from a comprehensive establishment-level survey (REPONSE) for 2011 matched with companies’ balance sheet data. Controlling for a wide set of workers’ and firms’ characteristics, findings suggest that, very much in line with previous studies, demographic diversity (age and gender) has a negative effect on productivity and wages while educational diversity has a positive effect. Contrary to some widespread beliefs, the chapter finds no differential effect according to manager characteristics (gender, age, tenure) but some heterogeneity according to the type of proprietary structures of the firms (family firms vs. firms quoted in the stock exchange vs. foreign owner vs. workers among shareholders).

RESUME

Cette thèse vise à apporter une contribution originale au débat académique sur trois questions spécifiques liées aux institutions et à l'hétérogénéité dans le marché du travail. Dans la première partie, la thèse analyse l'effet de la législation relative à la protection de l'emploi sur les flux de travailleurs (embauches, licenciements, démissions, changements d’emploi) dans les pays de l'OCDE. La deuxième partie contribue au débat sur le salaire minimum en Europe en apportant de nouvelles données sur les pays systèmes où les salaires sont fixés au niveau sectoriel en les comparant avec les pays où le salaire minimum est fixé au niveau national. La troisième partie aborde la question relativement récente du rôle de la diversité de la main-d'œuvre pour les entreprises, et estime l'effet de la diversité sur la productivité et les salaires en Belgique et en France.

La première partie (chapitre 1) analyse une base de données qui comprend les flux d’entrées (embauches) et de sorties (démissions et licenciements) du marché du travail pour 24 pays de l'OCDE et 23 industries sur une période de 13 ans pour étudier l'effet de la réglementation relative au licenciement sur les différents types de flux de travailleurs (mesurés en termes de transitions annuelles). Le chapitre utilise à la fois une approche en double différence - dans laquelle l'impact de la régulation est identifié par l'analyse des différents besoins de réallocation selon les industries (l’hôtellerie a un taux de réallocation beaucoup plus élevé que la chimie par exemple) à travers les pays– et d'analyse de séries temporelles - dans laquelle l'effet de la régulation est identifié par des changements réglementaires au cours du temps. Les résultats suggèrent qu’une régulation plus contraignante diminue le taux de réallocation au sein du même secteur et les transitions d'un emploi à un autre, en particulier vers des emplois permanents. En revanche, une régulation plus restrictive n’a pas d'effet significatif sur les séparations impliquant un changement de secteur ou une perte d’emploi. La possibilité de réintégration en cas de licenciement abusif semble être le déterminant le plus important des flux de travailleurs.

La deuxième partie de la thèse (chapitres 2, 3 et 4) apporte un regard nouveau sur le débat sur les salaires minima en Europe, en particulier par la collecte de données sur les pays avec des minima sectoriels et la comparaison avec les pays avec un salaire fixé au niveau national. Le second chapitre fournit une description détaillée des différents systèmes de salaire minimum en vigueur en Europe. Le troisième chapitre étudie le lien entre les différentes caractéristiques institutionnelles des systèmes de salaire minimum et leur niveau par rapport au salaire médian. L’analyse pallie notamment l'absence frappante d'études sur les minima au niveau sectoriel en examinant des données couvrant 17 pays européens et plus de 1100 conventions collectives. Les résultats montrent un arbitrage jusqu’ici négligé: les systèmes avec des minima négociés au niveau sectoriel sont associés à un salaire minimum relativement plus élevé que les systèmes dotés de salaire minimum national, mais cela va de pair avec davantage de travailleurs rémunérés en dessous des minima en vigueur. Une meilleure couverture de la négociation collective peut, dans une certaine mesure, réduire cet arbitrage entre salaires minima relativement plus élevés et leur non-respect ou non-couverture. Le quatrième chapitre explore l’impact de la diversité des systèmes de salaire minimum sur l’inégalité salariale au sein des pays européens. Les résultats empiriques confirment l'intuition que la combinaison de minima sectoriels et de couverture élevée de la négociation collective peut être considérée comme l’équivalent fonctionnel d'un salaire minimum légal national. Les résultats suggèrent en effet que, dans les pays avec des minima sectoriels, une plus grande couverture de la négociation collective est associée à des niveaux inférieurs d’inégalités, globales et intersectorielles, et à une plus petite fraction des travailleurs rémunérés en dessous des minima en vigueur.

La troisième partie de la thèse (chapitres 5 et 6) n’étudie pas une institution du marché du travail en tant que telle, mais la diversité des travailleurs. Il s’agit d’un phénomène qui pourrait inspirer un certain type de régulation à l'avenir, mais qui affecte déjà fortement les entreprises qui ont besoin de trouver un équilibre entre leur image publique et la responsabilité sociale avec l'organisation des ressources humaines et la maximisation du profit. Le cinquième chapitre estime l'impact de la diversité de la main-d'œuvre sur la productivité, les salaires, et l’écart productivité-salaire. Pour ce faire, nous utilisons des données belges de panel appariées employeur-employé entre 1999 et 2006 et différents outils économétriques pour résoudre les questions d'endogénéité et d'hétérogénéité. Les résultats montrent que la diversité en termes d’années d'éducation est bénéfique pour la productivité et les salaires alors que la diversité d’âge est nuisible. Bien que la diversité de genre génère des gains importants dans les secteurs à forte intensité technologique ou de connaissance, le résultat inverse est obtenu dans les industries plus traditionnelles. Les résultats ne varient pas avec la taille des entreprises et ne mettent aucun écart important entre productivité et salaires en évidence à l'exception de la diversité d’âge. Le sixième chapitre étend l'analyse de la diversité de la main-d'œuvre au cas français. Nous utilisons les données de l’enquête REPONSE qui permettent, entre autres, une analyse approfondie, autour du thème des liens entre politiques de gestion du personnel, stratégies économiques et performances des entreprises. Tout en prenant en considération un large éventail de caractéristiques des travailleurs et des entreprises, les résultats suggèrent que la diversité démographique (âge et genre) a un effet négatif sur la productivité et les salaires tandis que la diversité d'éducation a un effet positif. Contrairement à une idée assez répandue, les caractéristiques des dirigeants (genre, âge, ancienneté) n’ont aucun effet sur la diversité. En revanche le type de structure de propriété des entreprises (entreprises familiales, entreprises cotées en bourse, propriétaire étranger ou participation des travailleurs dans l’actionnariat) implique une certaine hétérogénéité de l’effet de la diversité (firmes familiales plus favorable à la diversité de genre, firmes cotées en bourse plus favorable à la diversité d’éducation)