Thèse de doctorat
Résumé : Les nouveaux immunosuppresseurs utilisés en transplantation rénale depuis le début des années 2000 : mycophenolate mofetil (MMF), tacrolimus, Neoral (nouvelle formulation de la cyclosporine-Sandimmun) et les inhibiteurs du mTOR ont amélioré le contrôle du risque de rejet, ainsi que la survie du greffon. Ces progrès sont contrebalancés par un risque accru d’infections. Nous avons évalué l'impact des nouveaux immunosuppresseurs sur les défenses humorales anti-infectieuses en 2 parties. Pour la première partie, nous avons étudié les réponses humorales primaires contre des antigènes protéiques. La 1ère étude montre que les réponses après l’administration d’un anticorps monoclonal anti-CD3 (OKT3) en induction sont profondément et additionnellement inhibées par le MMF comparé à l'AZA, et par le Neoral comparé au Sandimmun, ce qui empêche la neutralisation de ce puissant immunosuppresseur. La 2ème étude analyse les réponses au vaccin adjuvanté contre l’influenza H1N1 pandémique de 2009. Seuls 44% des transplantés rénaux ont développé une séroconversion, contre 57% de patients hémodialysés et 90% de contrôles sains. Nous observons aussi que le MMF limite l’augmentation des titres d’anticorps après vaccination par rapport à l’AZA.

Pour la seconde partie, nous observons l’évolution de composants de l’immunité humorale et innée au cours de la 1ère année de greffe. La 3ème étude montre que l’incidence de l’hypogammaglobulinémie atteint 45% à 3 mois de greffe, et est encore de 30% à 1 an. Les taux de MBP diminuent progressivement ce qui augmente le risque de sepsis et d’infection virale (CMV), tandis que l’hypogammaglobulinémie combinée : IgG + [IgA ou IgM] est corrélée avec une incidence élevée d’infections précoces (86%, RR : 2, P=0.048), surtout d’origine respiratoire. La 4ème étude, indique que les immunosuppresseurs diminuent intensément les titres en Ac spécifiques induits avant la greffe : les Ac anti-pneumococciques, de nature polysaccharidique (Ac T-indépendants) et surtout les Ac anti-Anatoxine tétanique, de nature protéique (Ac T-dépendants). L’ensemble de notre observation conclut que les immunosuppresseurs actuels, et plus particulièrement le Mycophenolate diminuent fortement la production et le maintien des immunoglobulines, et ont un impact infectieux important. Il en découle que les stratégies de vaccination recommandées méritent d'être appliquées et que la vigilance à l'égard des pathogènes doit être implémentée.