Résumé : Dans le système de production de l’habitat qui existe à Bruxelles, en ce début de 21ᵉ siècle, le logement est à la fois un bien répondant à un besoin vital, un bien faisant l’objet d’un droit inscrit dans la constitution, et une marchandise. Sa production est majoritairement laissée à des sociétés privées – pour l’essentiel des sociétés de promotion immobilière – auxquelles on laisse aussi le soin d’en fixer les prix, sur base de leur perception du marché du logement. Un marché où se rencontrent une demande et une offre, des “consommateurs” et des producteurs de logements, dont les intérêts sont diamétralement opposés. Un marché qui, contrairement à ce qu’en attend la théorie économique néoclassique, ne crée pas un équilibre, mais une crise perpétuelle. Un marché qui entretient et amplifie les inégalités sociales, et dont le fonctionnement génère, à Bruxelles, des conditions de vie indignes pour une part croissante de ménages.

Cette étude lève le voile sur les mécanismes à l’œuvre du côté des sociétés qui sont les agents principaux de la production capitaliste de logements. Ces sociétés sont celles qui assurent, dans le domaine résidentiel, la fonction de promoteur immobilier (une fonction assurée par toutes sortes de sociétés, qui n’ont pas toutes officiellement la promotion immobilière comme activité principale). Il s’agit d’étudier empiriquement les façons dont ces sociétés utilisent, entretiennent, et transforment l’espace urbain et la géographie résidentielle des différentes classes sociales dans la ville.

La partie théorique propose une réflexion sur la façon dont les promoteurs peuvent maximiser leur taux de profit à travers la localisation de leurs opérations de logements. Elle fait le lien entre les pratiques des promoteurs telles que j’ai pu les observer, la théorie de la rente foncière, et la question de la reproduction / transformation de la division sociale de l’espace. La partie empirique porte sur les promoteurs de logement, à Bruxelles, dans les années 2000. Elle décrit les promoteurs de logement actifs en Région bruxelloise, sur la base des données disponibles, par l’intermédiaire d’une typologie et de portraits d’entreprises. Elle compare ensuite les stratégies spatiales des différentes sortes de promoteurs, ce qui permet d’identifier les caractéristiques spécifiques qui influencent leurs choix de localisation.