Article révisé par les pairs
Résumé : Prenant le thème du dossier au pied de la lettre, cet article fait l’histoire d’une rencontre donnée entre architecture et philosophie. La scène se situe à New York, en 2000, lorsque Joan Ockman prend l’initiative d’introduire la tradition philosophique américaine du Pragmatisme dans le champ de l’architecture. Elle met en place une série de dispositifs ambitieux afin que prenne cette rencontre inédite et risquée : un Reader réunissant des articles d’architectes et de philosophes pragmatistes autour de thèmes supposés communs, une assemblée transdisciplinaire réunie en panels ou en dialogue à l’occasion d’un workshop à Columbia University et d’une conférence au MoMA, et, finalement, la publication de certaines de ces contributions. L’échec relatif de cette série d’événements invite à interroger les conditions de réussite d’une telle rencontre. Pour ce faire, l’article propose d’abord de déplier les dispositifs mis en place avant d’entrer dans les arguments qu’ils ont permis de déployer. Le récit emprunte effectivement lui-même des méthodes et des critères pragmatistes : d’une part, l’artificialité de la rencontre est considérée comme une opportunité, d’autre part, son succès doit être mesuré à la lumière de ses conséquences. Finalement, ce sont des critères pragmatistes pour juger d’une bonne rencontre entre architecture et philosophie qui sont esquissés : cette scène et les discussions qui s’y manifestent amènent à envisager la reprise de pensées philosophiques par l’architecture comme relevant nécessairement d’une « trahison créative ».