par Feyereisen, Justine
Référence UCLA 19th Annual French and Francophone Studies Graduate Student Conference « Touch » (09-10 octobre 2014: University of California, Los Angeles, Etats-Unis)
Publication Non publié, 2014-10-09
Communication à un colloque
Résumé : À l’heure où la mondialisation rend les frontières chaque jour plus poreuses, la question de l’identité fascine plus que jamais les chercheurs des sciences humaines et sociales, qui envisagent comme un impératif éthique le besoin de trouver de nouvelles définitions – non-dichotomiques – de ce que signifie « être vivant » dans un monde interconnecté. Se situant au cœur de l’œuvre littéraire de J.M.G. Le Clézio (1940), cette réflexion a longtemps été l’objet de travaux, qui ont néanmoins sous-estimé l’importance des sens, et plus particulièrement du toucher, dans la constitution du rapport à soi, à autrui, et à l’environnement. Or, la sensation tactile semble agir comme un véritable marqueur culturel, historique, et social, soumis à un ensemble d’actes ritualisés, dont l’analyse nous permettrait d’observer sous un angle nouveau la réponse personnelle de l’auteur aux théories postcoloniales. Du vagabond solitaire (Le Procès-verbal, 1963) au berger berbère (Désert, 1980), de l’aveugle Petite Croix (« Peuple du ciel », 1978) à Uka l’intouchable (La Quarantaine, 1995), le lauréat du prix Nobel de littérature 2008 propose, en effet, des personnages marginaux à la recherche de leur identité au contact de l’univers et de ses citoyens. Afin de vérifier cette hypothèse, nous aimerions consacrer une communication à l’étude du toucher dans les récits lecléziens à partir d’une analyse textuelle fondée sur les méthodes relatives à la stylistique, à la phénoménologie de la perception, et à la sociologie de la sensation. Cette approche nous amènera à étudier les modalités d’inscription du corps dans l’espace narratif, le contexte spatio-temporel (urbain ou naturel, séculaire ou postmoderne), ainsi que les descriptions tactiles exprimant de riches esthésies basculant parfois dans une aliénation sensorielle, afin de mieux comprendre la quête ontologique d’un écrivain, selon lequel la littérature ne peut plus feindre d’être détachée du corps des hommes.