Article révisé par les pairs
Résumé : Cet article repose sur une base de données originale mesurant les stocks et les taux d'émigration par niveau de qualification pour tous les pays du monde et pour la majorité des territoires dépendants en 1990 et en 2000 (Docquier et Marfouk [2005]). Nous analysons ici le rôle de l'Union européenne à quinze membres (UE 15) dans la mobilité internationale des travailleurs qualifiés. Par rapport au reste de l'OCDE, l'UE 15 se distingue par la faible qualification moyenne de ses immigrés. Néanmoins, en tant que terre d'accueil privilégiée des émigrants africains, elle joue un rôle significatif dans ce débat. L'UE 15 attire une part importante des migrants diplômés en provenance de pays proportionnellement très affectés par l'exode de leurs cerveaux. L'estimation non paramétrique des densités de taux de migration confirme ce résultat. Au total, si l'Europe enregistre une large perte nette de capital humain dans ses échanges avec les grandes nations d'immigration, elle compense quasiment ce déficit en attirant des travailleurs diplômés en provenance des pays en développement. L'effet net est toutefois dérisoire comparativement aux larges gains observés aux États-Unis, au Canada et en Australie.