par Sobotova, Alena
Référence Médias et identités : acteurs ou instruments de la construction des appartenances communautaires, ethniques et nationales ? (16-17 December 2013: Université Libre de Bruxelles, Brussels, Belgium)
Publication Non publié, 2013
Communication à un colloque
Résumé : Le journalisme a été historiquement fortement ancré dans le national. Il a participé à l’émergence de communautés imaginaires nationalement définies (Anderson 1983). L’Union européenne ne suit pas les mêmes logiques que celles qui ont présidé à la création des Etats-nations. Elle est cependant amenée à entretenir des relations avec les médias dans un but de transparence et d’advocacy (Valentini, Nesti 2010). Facilitant l’ouverture à l’autre, l’UE pourrait devenir le cadre de recomposition des identités (Fligstein 2008, Deutsch 1953, Medrano 2010, Risse 2010). Les journalistes, à travers le contenu qu’ils produisent, peuvent contribuer à l’émergence d’une communauté transnationale européenne, caractérisée par un sentiment d’identification au projet intégrateur européen (Bruter 2003).Ma contribution s’intéresse à l’interaction entre le niveau national et européen dans la production de l’information européenne. Ces deux niveaux de pouvoir se rencontrent, se mélangent ou entrent en conflit à Bruxelles. Ceci est dû à la nature hybride de l’Union qui oscille entre l’ordre supranational et intergouvernemental (Hooghe 2001). Il en découle une forte interdépendance entre les acteurs européens et nationaux habitant l’espace communicationnel bruxellois(Dacheux 2004).Départager l’influence relative de différentes catégories d’acteurs intervenant dans la formulation d’une information européenne permet de mieux comprendre l’éventuelle transformation identitaire des publics. Si les acteurs nationaux monopolisent la parole sur les thématiques d’ordre européen, le contenu restera plural et fragmenté à travers l’Europe. Au contraire, si les journalistes prêtent leurs oreilles aux acteurs européens, on pourrait s’attendre à une convergence du discours médiatique, facilitant l’émergence d’une identité commune et l’identification croissante avec le projet européen.Notre questionnement est divisé en deux parties correspondant à la problématique générale du colloque. Une étroite interdépendance se noue entre les journalistes et le milieu qui les entoure. Les journalistes subissent des pressions de certains communicateurs qui les instrumentalisent pour construire un discours sur l’Europe qui leur convient, mais ils sont aussi actifs, privilégiant certaines sources plutôt que d’autres. Être correspondant à Bruxelles signifie un arbitrage constant entre ces deux logiques. On s’interrogera donc d’une part sur les stratégies de communication des différents acteurs bruxellois (ce que P.Statham nomme les « source strategists », Statham 2006). Or, loin d’être passifs, les journalistes hiérarchisent, trient et sélectionnent l’information qui leur est présentée. On se penchera donc aussi sur la nature des acteurs qui sont pris en compte par les journalistes.Notre but est donc d’identifier les acteurs les plus actifs à Bruxelles en matière de communication et les sources les plus prisées des journalistes et s’interroger sur les implications que ces choix puissent avoir sur l’émergence d’une identité européenne. Le papier se base sur une série d’entretiens semi-directifs avec les correspondants permanents des nouveaux États membres basés à Bruxelles. Ceux-ci ont été conduits dans le cadre d’une recherche doctorale portant sur la socialisation de ces journalistes au milieu bruxellois et leur éventuelle contribution à son renouvellement.