Résumé : ButDescription de l'évolution clinique des infections à Leishmania après transplantation rénale. Discussion de la contribution des techniques de biologie moléculaire dans le diagnostic des leishmanioses.Patients et MéthodesRevue des dossiers médicaux de deux patients italiens transplantés rénaux avec épisodes récurrents de leishmaniose.RésultatsLe premier patient (homme, 49 ans) a présenté deux épisodes de leishmaniose viscérale (LV) 10 et 15 années après la transplantation, traités avec succès par injections intramusculaires d'antimoniate de méglumine. Six ans plus tard, il a récidivé une lésion ulcérée de la langue traitée par injections intra-lésionnelles du même antiparasitaire. Le second patient (homme, 54 ans) a présenté quatre épisodes successifs de LV, le premier étant survenu 17 ans après la transplantation. Chez ce patient, la présentation classique de la maladie était associée à une vasculite cryoglobulinémique au niveau des membres inférieurs. Tous les épisodes ont été traités avec succès par un cycle complet d'amphotéricine B liposomale, associée à une réduction de l'immunosuppression. Chaque traitement était suivi par une rémission clinique complète et une disparition de la cryoglobulinémie de type II. L'ADN parasitaire a été détecté dans le sang du patient lors des récidives. L'analyse du polymorphisme de longueur des fragments de restriction (RFLP) de l'ADN parasitaire a confirmé le même génotype de Leishmania infantum lors des épisodes successifs.DiscussionL'immunosuppression médicamenteuse expose les patients transplantés rénaux, vivant en région endémique, à un risque accru de leishmaniose récidivante. Ceci est une présentation analogue aux récidives fréquentes de leishmaniose observées chez les patients infectés par le VIH. Les multiples épisodes infectieux présentés par nos deux patients suggèrent la persistance d'amastigotes au sein des macrophages et la réactivation d'une infection latente. Les résultats de l'analyse RFLP de l'ADN de Leishmania réalisée chez notre second patient sont en faveur de cette hypothèse.ConclusionLes patients transplantés rénaux immunocompromis présentent un risque élevé de leishmaniose récidivante. Les techniques modernes de biologie moléculaire sont des outils importants pour le diagnostic et le suivi du traitement de ces patients. Des études cliniques futures devront déterminer l'intérêt de traitements plus intensifs ou d'une prophylaxie secondaire de longue durée pour diminuer le risque de récidives.