par Assen A Abouem, D;Nguyen, Thomas ;Taccone, Fabio ;Moest, Luc ;Van der Roost, Dirk;Melot, Christian
Référence Congrès de la Societé de Réanimation de Langue Française(XL: 18-20 January 2012: Paris), 40th Congress of Societé de Réanimation de Langue Française
Publication Publié, 2012-01
Abstract de conférence
Résumé : IntroductionL’hyponatrémie (HNa) est une des anomalies hydro-électrolytiques les plus fréquentes. Une seule étude prospective a été réalisée aux urgences montrant une prévalence de l’HNa de 3.8%. L’impact de l’HNa sur la mortalité et la morbidité des patients admis aux urgences reste toutefois inconnu.Objectifs : Evaluer la fréquence et les complications associées à l’ HNa chez des patients admis dans le service des urgences d’un hôpital universitaire bruxellois.Patients et MéthodesNous avons rétrospectivement identifié les dossiers de tous les patients admis aux urgences entre le 1er juin 2009 et le 30 mars 2010 grâce à un système informatique (E-Care). Les patients présentant un sodium plasmatique < 130mmol/l ont été identifiés via le laboratoire central de l’hôpital ; cette liste a été confrontée avec celle de tous les patients sur le système E-Care pour identifier ceux dont la prise de sang avaient été effectuée aux urgences (le groupe « cas »). Nous avons par la suite créé un groupe « contrôle », en appariant pour l’âge et le sexe, un même nombre de patients admis aux urgences durant la même période n’ayant pas d’HNa (appariement 1 : 1). Nous avons collecté les donnés démographiques (âge, sexe et date d’admission), cliniques (motif d’admission, signes et symptômes), biologiques (sodium plasmatique, urée, créatinine, sodium, osmolarité et créatinine urinaire, diurèse de 24 heures) ainsi que les co-morbidités. Nous avons aussi enregistré les médicaments que les patients prenaient avant l’admission (corticoïdes, antidépresseurs, antiépileptiques, immunosuppresseurs, diurétiques, inhibiteurs de l’enzyme de conversion ou les antagonistes du récepteur à l’angiotensine II). Les variables d’intérêt étaient : l’admission à l’hôpital, l’admission aux Soins Intensifs, la survenue de complications respiratoires (pneumonie, syndrome de détresse respiratoire aigu - SDRA), cardio-vasculaires (œdème pulmonaire aigu, syndrome coronarien aigu), neurologiques (épilepsie, coma), du système uro-gynécologique (infection urinaire, avortement, insuffisance rénale aiguë), digestives (diarrhée, hémorragie digestive), orthopédiques (fracture, douleur ostéo-tendineuse) ou de sepsis ; la mortalité hospitalière.RésultatsParmi les 36036 patients admis aux urgences dans la période d’étude, 10816 ont eu une prise de sang, dont 183 avaient une HNa (1.7%). Les patients dans le group HNa avaient plus fréquemment des tumeurs solides (29/183 vs. 12/183 p = 0.03) et recevaient plus de diurétiques que les patients « contrôles » (68/183 vs. 47/183 p = 0.04). Le tableau clinique à l’admission n’était pas différent entre les groupes. Seulement 59 patients (32%) avec HNa avaient eu une récolte des urines de 24 heures et/ou une analyse du sodium, de l’osmolarité et de la créatinine urinaires permettant une démarche diagnostique pour identifier la cause d’HNa. L’admission à l’hôpital ou à l’USI était significativement plus fréquente chez les patients HNa que les contrôles (163/183 vs. 99/183 - p = 0.001, 25/183 vs. 7/183, p = 0.01, respectivement). La durée d’hospitalisation était de 11 jours [6-16] dans le groupe HNa et de 8 jours [4-14] dans le groupe contrôle (p = 0.01). Les patients HNa présentaient plus fréquemment au moins une complication pendant leur séjour (44 vs. 10%, p<0.001), et plus spécifiquement plus de complications respiratoires (13 vs. 4%, p = 0.01), uro-gynécologiques (15 vs. 5%, p = 0.01), digestives (18 vs. 4%, p < 0.001), orthopédiques (4 vs. 0%, p = 0.01) et de sepsis (17 vs. 0%, p < 0.001). La mortalité hospitalière n’était pas différente entre les deux groupes (9 vs. 5%, p = 0.23).ConclusionL’HNa est une pathologie peu fréquente aux urgences. Elle est associée à un risque plus élevé de séjour à l’hôpital ou aux soins intensifs. L’HNa est aussi associée plus fréquemment à la survenue de différentes complications, mais pas à un risque accru de mortalité. Le rôle de l’HNa comme marqueur de risque aux urgences devrait être prospectivement confirmé dans des études futures.