Article révisé par les pairs
Résumé : À la suite d’autres travaux, cet article soutient que l’analyse du déploiement de processus de gentrification ne peut désormais être dissociée de l’étude de l’appui de politiques publiques en leur faveur. Sur cette base, il s’attache d’abord à construire un cadre d’analyse des politiques de gentrification qui puisse, à la fois, donner du sens à la généralisation de dispositifs d’action publique appuyant la gentrification dans divers contextes urbains et permettre une analyse sensible aux configurations sociales, politiques et spatiales propres à des territoires singuliers. Si elle s’inscrit en termes structurels dans la néolibéralisation en cours des politiques urbaines, la mise en politique de la gentrification relève en effet, aussi, de mobilisations particulières d’acteurs situés, publics et privés, opérant à différentes échelles. Ce cadre d’analyse est ensuite éprouvé empiriquement sur le cas des politiques dites de « revitalisation urbaine » menées à Bruxelles depuis le début des années 1990. Il s’agit de cerner comment l’action publique contribue à coproduire la gentrification à Bruxelles, sur quelles bases sociales et politiques, avec quels instruments et quels effets, pour et contre qui. Si elle se cantonne à relever les « effets pervers » des processus de gentrification, même pour les déplorer, la recherche ne peut rendre compte du rôle décisif joué par l’action publique dans cette coproduction des processus de gentrification.