Résumé : Introduction.– Les tumeurs brunes représentent une complication relativement rare (1,5 à 1,7 %) mais sévère de l’hyperparathyroïdie secondaire (HPTS). Elles correspondent à des phénomènes de résorption trabéculaire compliqués de microfractures avec saignements intralacunaires responsables de l’aspect macroscopique brunâtre. Nous rapportons le cas d’une patiente en hémodialyse chronique (HD) présentant une HPTS mal contrôlée et compliquée de tumeurs brunes de localisations multiples.Patients et méthodes.– Madame T présente une insuffisance rénale chronique d’étiologie indéterminée, diagnostiquée en 1998 (à l’âge de 47 ans) mais refusera un suivi médical jusqu’en octobre 2002 où les séances d’HD sont débutées en urgence. On note une HPTS (PTH intacte : 465 pg/mL ~ 6 x Nle) traitée par carbonate de calcium et calcitriol mais le contrôle s’avère difficile du fait de l’incompliance de la patiente. Le cinacalcet est instauré en novembre 2008 en raison d’une majoration du taux de PTH intacte à 940 pg/mL (~13 x Nle). Toutefois, en septembre 2010, le taux de PTH intacte est > 1900 pg/mL (> 26 x Nle) et les phosphatases alcalines à 274 UI/L (3x Nle). Des radiographies des genoux réalisées en décembre 2009 (gonalgies) révèlent une tumeur brune de 5 cm au niveau du tibia droit. La patiente va développer un syndrome restrictif sévère lié à de nombreuses tumeurs brunes costales objectivées en 2008 (10 masses dont la plus volumineuse est mesurée à 6 × 3,4 cm). Cliniquement, la patiente présente une dyspnée au moindre effort, aggravée par des épisodes fréquents de surcharge volémique dans un contexte d’anurie. En 2009, la patiente développe au décours d’un panaris une tumeur bourgeonnante de croissance rapide au niveau d’une déformation du pouce gauche. La radiographie montre une tumeur brune de la 2e phalange. Les saignements fréquents sont favorisés par l’anticoagulation en HD. Un botriomycome est diagnostiqué sur une biopsie cutanée début 2010 et une antibiothérapie IV est instaurée (suspicion d’ostéite). Vu l’évolution défavorable, une amputation doit être réalisée en octobre 2010. L’analyse histopathologique de la pièce de résection met en évidence des cellules géantes multinucléées caractéristiques des tumeurs brunes. À ce jour, l’HPTS paraît mieux contrôlée (5 x Nle) sous cinacalcet (90 mg/j) et alfacalcidol (2 µg × 3/sem).Discussion.– Les complications sévères de l’HPTS de cette patiente sont liées à une urémie chronique prolongée, une prise en charge tardive en HD et une incompliance majeure. Une parathyroïdectomie a été envisagée mais non réalisée en raison du risque important d’hypocalcémie postopératoire et de l’incertitude quant à la régression des tumeurs brunes multiples.Conclusion.– Devant une HPTS mal contrôlée et une prise en charge tardive en HD, un bilan osseux radiologique à la recherche de tumeurs brunes doit être effectué vu les complications sévères potentielles.