Résumé : ObjectifsDes premières descriptions cliniques de Leo Kanner en 1943 jusqu’à celles plus actuelles formalisées dans les classifications nosographiques internationales, les comportements, intérêts et activités stéréotypés, répétitifs et restreints (nous abrégeons par phénomènes répétitifs) ont toujours constitué un groupe de symptômes pathognomoniques de l’autisme. Depuis plusieurs années, la nature des relations entre les différentes formes de phénomènes répétitifs constitutives de ce trouble du développement fait néanmoins l’objet d’un débat animé dans la littérature. Si les recherches statistiques mettent le plus souvent l’accent sur l’hétérogénéité des différents phénomènes observés, les recherches cliniques soulignent quant à elles l’importance de la continuité des chevauchements entre les différents phénomènes répétitifs présentés par un même sujet. Nous développerons dans le présent article le concept de complexification, en tant que forme spécifique d’évolution des différents phénomènes répétitifs chez l’enfant autiste. Nous mettons en avant l’hypothèse d’une certaine homogénéité de ceux-ci.MéthodeEn nous appuyant sur trois années d’observation participante d’un enfant autiste dans un contexte institutionnel, nous avons répertorié les différents phénomènes répétitifs qu’il a présentés grâce à une méthodologie structurale. Une échelle de complexité a été réalisée à partir du cas.RésultatsLes différents phénomènes répétitifs présentés par l’enfant durant trois ans sont structurellement homogènes en ce sens qu’ils impliquent une identité de propriétés structurales : une même matrice organise le développement et la complexification des phénomènes répétitifs.DiscussionLa complexification des phénomènes répétitifs est un processus qui implique que les intervenants respectent les initiatives de l’enfant autiste. Ce respect favoriserait l’élaboration d’un lien social apaisé et la mise en place d’apprentissages consentis.ConclusionsL’existence de « chevauchements » entre des phénomènes répétitifs de niveaux de complexité distincts a pu être mise en évidence dans notre étude, ce qui implique une certaine homogénéité et une interdépendance entre les différents types de phénomènes répétitifs. Des recherches ultérieures sont nécessaires pour évaluer plus précisément l’incidence de cette homogénéité sur l’évolution de l’enfant autiste dans les registres du lien social et des apprentissages.