par Feyereisen, Justine
Référence UCLA 18th Annual French and Francophone Studies Graduate Student Conference "Represenations of Remembrance" (10-11 octobre 2013: University of California (UCLA), Los Angeles, Etats-Unis)
Publication Non publié, 2013-10-10
Communication à un colloque
Résumé : "Je (notez que je n’ai pas employé ce mot trop souvent) crois qu’on peut leur faire confiance. Ce serait vraiment singulier si, un de ces jours qui viennent, à propos d’Adam ou de quelque autre d’entre lui, il n’y avait rien à dire." (J.M.G. Le Clézio, "Le Procès-verbal"). C’est sur cette parenthèse que J.M.G. Le Clézio termine son premier roman en 1963, laissant présager la ligne de conduite qui guidera l’ensemble de son œuvre : dépasser la singularité du je pour s’enquérir de l’expérience plurielle de personnages composites, et mettre en lumière les tenants et aboutissants d’une époque. De ce fait, Gens des nuages (Stock 1997) s’annonce comme le récit à deux mains d’un voyage sur le territoire que les ancêtres de son épouse Jemia, les nomades Aroussiyine, ont dû quitter pour émigrer vers les villes du Nord, une quête de l’origine que l’auteur poursuit seul dans L’Africain (Mercure de France 2004) à travers la biographie de son père, médecin à Ogoja, qu’il rencontre à l’âge de huit ans en même temps que le continent africain, deux itinéraires, ponctués de photographies, qui interrogent l’histoire personnelle au regard des événements de la grande Histoire. Plus qu’un retour aux sources, ces iconotextes posent la question de la transmission de la mémoire d’un temps antérieur à la naissance de leurs auteurs, et de l’oubli dans lequel ces voix anonymes se sont abîmées. Aussi aimerions-nous consacrer une communication à l’étude des deux récits biographiques lecléziens selon une approche à la fois herméneutique et linguistique. Nous envisagerons, tout d’abord, les stratégies discursives mises en place par Jemia et J.M.G. pour témoigner du passé à partir de leur propre découverte des lieux, tout en prêtant une attention particulière au dialogue qui a pu se nouer avec les images capturées. Nous examinerons ensuite les descriptions sensorielles qui accompagnent leur expérience du voyage, avant d’interroger le portrait que les auteurs dressent de leurs pères. Enfin, nous nous attacherons à analyser ce que peuvent nous révéler les nombreuses comparaisons établies entre le monde qui s’ouvre à eux et la société occidentale où l’exil a mené leurs aïeux.