par Arifon, Olivier
Référence MEI. Media et information, 24-25, page (175-183)
Publication Publié, 2007
Article révisé par les pairs
Résumé : Proche des études culturelles, de l’anthropologie et des travaux sur la communication interculturelle en sciences de la communication, nous proposons une position singulière sur le décentrement culturel en examinant les différences de rationalités concernant la médiation diplomatique, en Occident et en Chine.La diversité des travaux de ces disciplines a permit de construire une méthode qui, associant singulier et collectif, communication interculturelle et ethnologie, donne à voir des écarts, des différences et des caractères. Certes, il est parfois à craindre un relativisme forcé ou absolu ou encore une cohabitation culturelle aux contours mal définis, mais les travaux montrent des résultats encourageants.Pour notre objet, la médiation diplomatique, la méthode renvoie à des conceptions différentes de la culture chinoise et de la culture occidentale. Il ne s’agit pas d’universalisme facile, d’une sorte d’extériorité culturelle où rien ne se rencontre, ni d’un relativisme ou deux pensées, chacune ayant leurs destins propres, coexistent. Le propos est plutôt de dire qu’il existe des processus qui, après dépassement, conduisent à une rencontre ou à une co-construction. Traditionnellement, la médiation diplomatique est étudiée à partir de notre histoire occidentale et de son contexte culturel. La diplomatie moderne naît à Venise, se répand à travers l’Europe grâce aux relations entre cours royales puis à travers le monde par les contacts entre Etats souverains. Les formes et les modalités de la diplomatie sont donc profondément marquées par des référents culturels propres à Occident.Afin d’en dégager les caractéristiques et d’identifier une rationalité propre à l’Occident, nous opérons un décentrement méthodologique qui passe par la Chine. Inspiré par les travaux de François Jullien, le détour par la culture chinoise nous place en position d’extériorité pour critiquer la médiation diplomatique.Plusieurs questions sont examinées. Existe-t-il des logiques différentes de communication ? Quelles sont les rationalités politiques, symboliques et identitaires de chaque ensemble ? Comment concevoir les spécificités de la médiation diplomatique française, voire européenne, grâce à cet espace différent de l’Occident qu’est la Chine ? En retour, la conception chinoise de la médiation diplomatique éclaire-t-elle la nôtre ? Au final, cette démarche montre comment la rationalité de la Chine sur les questions de médiation diplomatique met en évidence la rationalité propre à l’Occident puis les conséquences sur les relations internationales et les modalités de communications associées.