Article révisé par les pairs
Résumé : Entre fiction et réalité, Ritournelle de la faim (Gallimard, 2008) de Jean-Marie Gustave Le Clézio s’aventure dans la zone limitrophe, où l’Histoire universelle côtoie l’expérience intime et familiale, pour donner lieu à une prose mettant au jour le sens d’événements fondateurs, qui creusent dans la mémoire des protagonistes un sillon ineffaçable. Aussi, notre communication s’intéressera à l’écriture de l’événement dans ce roman, au regard du concept phénoménologique de la mémoire, selon deux perspectives distinctes, mais néanmoins complémentaires. Tout d’abord, nous aborderons l’événement comme la trace d’une écriture personnelle fictionnalisée, dont il sera nécessaire de souligner les mécanismes, les enjeux et, sans nul doute, les déviances, par le biais des outils que nous prête l’analyse littéraire. Nous interrogerons ensuite l’événement et sa mémoire à travers la description de type voir, telle que la linguistique textuelle et pragmatique la conçoit, par rapport au jeu de la référence intime. Cette approche se verra complétée d’une analyse propre à la stylistique, qui reposera à la fois sur l’inventaire des différents moyens convoqués dans le texte et sur l’examen de ces données à partir des études réalisées dans les différents domaines susceptibles d’être concernés, comme la phonétique, la morphologie, la syntaxe, la sémantique, etc., ce qui nous amènera à nous questionner quant à la fonction remplie, entre autres, par l’énumération, l’isotopie, la répétition, la typographie et le verbe en tant qu’organes linguistiques de l’événement au sein de la séquence descriptive.