par Olsson, Christian
Référence Cultures et conflits, 67, page (36-62), 2
Publication Publié, 2007-08-01
Article révisé par les pairs
Résumé : Cette article vise à faire la genèse, dans la doctrine militaire américaine, française et britannique, de l’idée de conquête des « cœurs et des esprits » des populations « locales ». Il vise ainsi à montrer qu’historiquement l’enjeu sous-jacent à cette « conquête », celui de la légitimation politique de l’usage de la force militaire par la diversification des répertoires d’action militaires (« développement », « action psychologique », etc.) et l’usage théoriquement « mesuré » de la force, est inséparable de l’objectif plus général de légitimation locale d’autorités coloniales ou post-coloniales. Dès lors, le « retour » de ces doctrines dans les opérations contemporaines de stabilisation et de contre-insurrection en Afghanistan et en Irak, mais aussi sur un certain nombre d’autres théâtres, soulève un certain nombre de problèmes théoriques et pratiques. En effet, ces opérations ne peuvent plus se présenter – comme dans le contexte socio-historique colonial – comme des missions de sécurité intérieure. Elles s’inscrivent au contraire dans des opérations présentées comme extérieures (Opex), et donc dans lesquelles la distinction entre l’interne et l’externe fait suffisamment sens pour que les « forces internationales » puissent être perçues comme violant les normes mêmes qu’elles ont comme mandat de défendre, c'est-à-dire celles qui définissent et constituent l’autorité légitime à l’ère de la modernité politique.