par Nemoz, Sophie
Référence L’habitat partagé, un enjeu pour la ville durable, Ecole Normale Supérieure de Lettres et de Sciences Humaines, Habitat et Humanisme (17 et 18 novembre: Plan Urbanisme Construction et Architecture, Lyon)
Publication Non publié, 2009
Communication à un colloque
Résumé : La communication rend compte des principaux enseignements retirés d’une étude sociologique d’un habitat partagé par l’âge des études supérieures et celui de la retraite. Il s’agit en fait d’une enquête exploratoire que j’ai menée en 2006 dans la Communauté de Madrid et la région parisienne. Car, devant la croissance de ces deux populations dans les métropoles occidentales, l’Espagne suivie par d’autres pays de l’Union Européenne dont la France, appelle à la mixité intergénérationnelle, en encourageant depuis quelques années l’hébergement d’étudiants au domicile de propriétaires retraités contre divers services rendus (courses, ménage, compagnie). Ces foyers composés d’anciens et de jeunes ne partagent à l’origine aucun lien d’interconnaissance, au contraire de ce qui est souvent le cas dans les colocations étudiantes, ni de lien de filiation comme dans la résidence liée à la famille. C’est ce manque de lien préalable que cherche à exprimer le terme de « maisonnée ». Il est emprunté aux anthropologues de la parenté pour désigner les relations qui unissent plusieurs personnes dans la production du quotidien, alors qu’aucun lien de sang, ni d’alliance n’existe entre elles. Quelques éléments de problématisation peuvent être apportés à ces cohabitations de deux âges situés de part et d’autre du cycle de vie, en examinant les enjeux qui en font l’actualité. La flambée du prix des loyers depuis une décennie, l’insuffisance de logements sociaux, l’actuelle crise économique, sans oublier l’allongement considérable de la jeunesse et de la vie en général, l’inégale répartition de l’offre universitaire sur le territoire, ou le manque de compagnie et d’aides quotidiennes aux personnes âgées, constituent des facteurs favorables au développement de maisonnées intergénérationnelles. L’observation du quotidien de plus d’une vingtaine d’entre elles et, les échanges avec leurs membres âgés de 18 à 96 ans, permettent de différencier leurs foyers. Certains font figure d’auberge étudiante, d’autres s’apparentent davantage à une demeure gériatrique, ou encore à un gîte néo-familial. Ces trois types de maisonnées sont des modélisations inductives des pratiques et des représentations recueillies à Madrid et à Paris. L’ouvrage L’étudiant et la personne âgée sous un même toit se consacre à l’analyse détaillée. Elle montre que la cohabitation élargie à des publics divers ne saurait être une alternative à la mise en place de véritables politiques publiques à leur égard.