par Delord, Julien;Sebastien, Léa
Référence Vertigo, 10, 1
Publication Publié, 2010-04
Article révisé par les pairs
Résumé : Nous proposons une assise éthique au concept émergent à l’échelle internationale de « dette écologique ». Nous faisons l’hypothèse que les nouvelles générations de philosophes de l’environnement devront conjuguer la catastrophe, non pas au futur antérieur, comme le font Hans Jonas ou Jean-Pierre Dupuy, mais au conditionnel passé. Il ne s’agit plus de travailler avec la « mémoire du futur », mais de retravailler les potentialités futures du passé, de réexplorer la mémoire écologique des catastrophes en cours et passées pour refonder les normes du vivre futur. Or, la notion de dette écologique nous invite précisément à repenser l’éthique environnementale à partir des fautes du passé. L’impératif d’une responsabilité environnementale des générations présentes envers les générations futures se double de la reconnaissance inéluctable d’une dette écologique immense due aux générations présentes par les générations passées. Nous est-il dès lors possible de l’annuler, ou pour le dire plus directement, de pardonner ? Mais pardonner la catastrophe, n’est-ce pas par là même abdiquer toute responsabilité future, briser l’échange intergénérationnel et renoncer à tout espoir d’une éthique environnementale globale ? Après un rappel historique de la genèse de ce concept que l’on peut définir empiriquement comme l’ensemble des atteintes aux milieux naturels exercées par des humains dans le passé, nous explicitons un modèle de responsabilité passée contrefactuelle que nous discutons de manière théorique ainsi que de manière appliquée autour de deux exemples de dette écologique, une dette territorialisée et privée concernant des pollutions industrielles et une dette globalisée et publique impliquant l’émission de gaz à effet de serre.